La vieille dame et le TGV… Un conte de printemps- Un fils dans le métro - Pour ne pas oublier
La vieille dame et le TGV… Un conte de printemps- Un fils dans le métro - Pour ne pas oublier
30 mai 2013
FERRÉ(RIQUE) – Itinéraire sur mesure pour voyageuse égarée
(AFP)
Les références à la SNCF, ces derniers jours, c'était ça, ça, ou encore ça. Aujourd'hui, le site de L'Est républicain rapporte une affaire d'une tout autre nature. Cette fois, nul problème de panne, de wagons perdus ou de Nabilla incivique, c'est au contraire l'histoire d'une belle solidarité entre voyageurs, contrôleurs et aiguilleurs qui nous est rapportée.
Elle est survenue le vendredi 3 mai entre Paris et Nancy. "Il est 21 heures à la gare de l'Est, à Paris. (…) Il y a beaucoup de monde, comme chaque vendredi à cette heure-là, [et] deux TGV sont en attente de départ [sur le même quai] : à droite le TGV pour Nancy (…), à gauche, celui pour la gare de Reims", raconte un voyageur du Paris-Nancy. Une dame âgée en provenance des Antilles monte dans le wagon de cet habitué, et prend place à son côté. Le train démarre, et alors qu'il prend de la vitesse, le contrôleur annonce par micro : "Le TGV est à destination directe de Nancy gare, terminus du train."
La dame, qui réalise alors son erreur, commence à paniquer. "Elle était inconsolable. Je ne savais plus quoi lui dire. Je lui ai juste proposé d'aller en parler aux contrôleurs." Ainsi, sans vraiment y croire, le voyageur va expliquer à ces derniers que la femme, "qui doit effectuer son premier voyage en métropole (…), va arriver à 22 h 50 à Nancy sans savoir où aller [et] sera sans doute complètement perdue." Les contrôleurs avisent le régulateur. "Quarante-cinq secondes plus tard", celui-ci répond que le TGV va s'arrêter à la gare de Champagne-Ardenne, située à quelques kilomètres de la gare de Reims.
Pendant ce temps, dans le wagon, les autres passagers tentent de réconforter la vieille dame désemparée. Un autre voyageur aurait ainsi proposé de l'héberger gratuitement pour la nuit à Nancy. La bonne nouvelle est annoncée puis, quelques tractations plus tard, les contrôleurs viennent la prévenir "que le train parti quinze minutes plus tard de la gare de l'Est et à destination de la gare de Reims va, lui aussi, s'arrêter exceptionnellement à la gare TGV de Champagne-Ardenne pour la récupérer."
Lorsque l'annonce de l’arrêt exceptionnel est faite au micro, tout le wagon applaudit. En gare de Champagne-Ardenne, deux agents de la SNCF l'attendaient pour l'aider à faire le court transfert sur mesure.
8,04,2013 Un conte de printemps
Didier (à gauche) et Patrice (à droite). © Antonin Sabot / LeMonde.fr
Une pochette oubliée dans le panier d'un vélo en filant à un rendez-vous. Dans la pochette, un IPad et un clavier. Dans l'Ipad, des pans entiers de ma vie professionnelle et personnelle. Le tout - négligence, inconscience - non verrouillé. On est mercredi. Déclaration de perte au commissariat, signalement des quelques numéros "sensibles", récapitulation mentale de tout ce qui est peut-être entre les mains d'un inconnu. Désagréable sentiment. Passe jeudi. Arrive vendredi. Coup de téléphone d'une consoeur du journal. Elle vient de recevoir un appel d'une personne qu'elle ne connaît pas et qui me cherche. Il a ma pochette.
Il a laissé un numéro de portable, il s'appelle Patrice.
C'est son copain Didier, m'explique Patrice, qui a tout retrouvé. Didier est mitron dans une boulangerie, il commence sa journée de travail à une heure du matin et la termine à neuf. Ce matin là, comme d'habitude, il fumait une cigarette devant la porte de la boulangerie avant de rentrer dormir chez lui. Il a vu la pochette oubliée dans le vélo avec son contenu, il l'a rangée dans l'arrière-cuisine et a prévenu l'une des vendeuses. Jeudi était le jour de congé de Didier. Quand il est revenu vendredi, la pochette était toujours là et Didier s'est dit qu'il fallait faire quelque chose. Comme il n'y connaît rien, il a appelé Patrice, un as en technologie. Ils ont cherché un nom au hasard dans le carnet d'adresses et composé le numéro de téléphone.
Rendez-vous est pris cour du Louvre, devant la Pyramide. Patrice m'avait dit: "Ça nous arrangerait comme endroit, on est bénévoles dans une association, et cet après-midi on emmène des handicapés au musée". J'avais pensé qu'il n'y avait pas de hasard dans la vie.
Je leur avais demandé si, en remerciement, ils voulaient "quelque chose" Patrice avait répondu: "Ben non!".
Je les ai vus arriver de loin, un grand et un petit, la cinquantaine. Le grand, Didier, m'a tendu un sac en plastique bleu avec la précieuse pochette dedans. Il a dit: "Je m'excuse pour les traces de farine". On a bu un café, j'ai glissé une enveloppe sur la table en jetant quelques mots maladroits sur l'honnêteté qui n'a pas de prix mais tout de même, vous boirez du champagne à ma santé, etc.
- Bah! Nous, en fait, on boit pas.
Le visage de Didier disait que ça n'avait pas toujours été le cas. Patrice a dû voir mon regard. Il a ajouté sur un ton très doux.
- C'est plutôt qu'on boit plus.
On a discuté de ce qu'ils faisaient. Le bénévolat, c'est tous les jours, ou presque. Ils ont fondé une association qui organise des sorties pour les handicapés. "On les emmène au musée, au restau, au théâtre, au cinéma, dans les parcs d'attraction. Hier soir, on était à Mogador. On voit des spectacles qu'on pourrait pas se payer. On fait aussi les salons, l'agriculture, l'automobile, le chocolat et la foire de Paris" raconte l'un. "On a même fait de l'ULM", raconte l'autre. "Et à la belle saison, c'est encore mieux, on organise des pique-niques, des visites de parcs animaliers et même des virées au bord de la mer".
Pour eux, c'était l'heure. Cinq personnes en fauteuil, aidées par d'autres bénévoles de l'association, venaient d'arriver pour la visite du jour consacrée aux "chefs d'oeuvre du Louvre". Ils s'embrassent, échangent des nouvelles, rigolent. Je demande à Patrice et Didier si on peut se revoir.
- Vous êtes des types bien.
Patrice tire sur la cigarette qu'il vient de rouler. Didier se mordille les ongles.
- On l'est peut-être devenu. On l'a pas toujours été.
Il hésite un peu à continuer.
- On a vraiment connu la galère. Mais y'a des gens qui nous ont tendu la main, alors maintenant, on rend.
Quelques jours plus tard, autour d'un déjeuner, Patrice et Didier ont raconté leur histoire.
- On s'est connu dans la rue, dans les années 90. On dormait vers Chatelet, rue de Rivoli ou sous les ponts.
© Antonin Sabot / LeMonde.fr
Patrice Balzac est parti de chez lui à l'âge de 17 ans, il était toxicomane. Quand il a arrêté l'héroïne, il s'est mis à boire. Pendant vingt ans, il a vécu dans la rue. "Je connaissais les gens par leurs pieds". Didier Janus a eu plus de chance au départ, il était boulanger-pâtissier. L'alcool le rattrape, il bascule. Avec Patrice, ils passent leur journée à siffler des bières. Didier a l'alcool mauvais, il cogne et se bat. "Je passais trois nuits par semaine en cellule de dégrisement. A la fin, le médecin avait même interdit de me mettre en garde à vue parce que je faisais des crises de delirium tremens."
Au début des années 2000, leurs chemins se séparent. Patrice est tombé gravement malade. Un foie dévasté par la cirrhose et un poumon rongé par la tuberculose. Il est envoyé six mois dans un sanatorium, puis trois mois dans un foyer. "Comme ils m'ont trouvé sympa, ils m'ont gardé trois mois de plus", le temps que se libère une chambre individuelle au Palais du peuple, une institution parisienne gérée par l'Armée du salut. L'assistante sociale qui suit Patrice croit en lui et se démène pour l'aider à accéder à une nouvelle étape de la réinsertion, le RMI et "l'appartement-relais". "C'était un studio tout équipé, avec une boîte aux lettres. C'était la première fois de ma vie que j'étais chez moi. Ça me faisait bizarre. Au début, j'arrivais pas à réaliser. Quand j'étais dehors le soir, je continuais à regarder ma montre pour rentrer à 22 heures, comme dans les foyers." Dans cet appartement, Patrice reste un peu plus de trois ans. Il ne boit plus une goutte d'alcool, découvre l'informatique grâce à une responsable d'Emmaüs, Florence de Grammont. "C'est elle qui m'a poussé à prendre des cours au début. Et puis elle m'a donné un vieil ordinateur et j'ai appris à me débrouiller tout seul. Je me suis passionné, je passais mon temps sur les forums. C'est moi qui ai construit ma tour, pièce par pièce". Patrice l'a en photo, sur son téléphone, il est fier de la montrer. Depuis six ans, il vit dans un petit appartement de la Ville de Paris dont il est locataire, "un vrai truc à mon nom, pas à des associations."
Un jour de 2005 où il allait justement voir Florence de Grammont chez Emmaüs dans le quartier de Châtelet, Patrice est retombé sur Didier. Lui aussi était en train de s'en sortir. "Il y a un moment qui est super dur parce qu'en dehors de la rue, on connaît plus personne mais que ceux de la rue ne nous connaissent plus. Alors, avec Patrice, on s'est aidé". Trois ans plus tôt, Didier avait saisi une main qui se tendait. Il était couché au pied d'un distributeur de billets, ivre comme toujours, et faisait la manche quand une femme s'est arrêtée pour lui parler. "Elle m'a dit qu'elle ne me donnerait pas d'argent, mais qu'elle pouvait m'aider pour l'alcool. Elle m'a donné sa carte, elle était médecin addictologue à l'hôpital à Villejuif, elle m'a dit qu'elle m'y attendait". Didier s'interrompt: "Elle s'appelle Pauline de Vaux. D.E.V.A.U.X, faut noter son nom".
L'hôpital de Villejuif, Didier le connaissait un peu. C'est là que son père était mort et à l'époque, il avait trouvé les médecins et les infirmiers super. "J'ai acheté dix bières pour la route et j'y suis allé". Il fait beaucoup de foin en arrivant, tout le monde veut le virer, la médecin est alertée. "Elle est venue et elle leur a dit: laissez-le, je m'en occupe". Elle lui donne d'abord des rendez-vous, deux à trois fois par semaine, qui ne suffisent pas. Un jour, elle décide de l'hospitaliser dans son service. "Elle a pris mes bières, m'a promis de me les garder jusqu'à ma sortie". Psychiatrie, cure de sevrage, sortie, rechute. Didier revient voir le docteur de Vaux. "Elle m'a dit: on va recommencer". Cette fois, ça marche. C'est encore le docteur de Vaux qui se charge d'aider Didier à se remettre au travail, comme boulanger, au sein d'une association caritative, La table de Cana. Un an plus tard, il trouve un premier vrai emploi dans une boulangerie, puis un deuxième. "Et là, depuis sept ans, je suis dans la même place". Lui aussi vit désormais dans une HLM de la Ville de Paris.
Didier vit désormais dans un HLM de la ville de Paris. © Antonin Sabot / LeMonde.fr
C'est Didier qui a commencé le bénévolat. "La seule chose que je savais faire, en dehors de travailler, c'était boire. Alors, il fallait absolument que je trouve autre chose pour m'occuper.". Chez Emmaüs, on lui propose de s'engager dans une association d'aide aux handicapés. "Au début, ça me faisait peur. Et puis, ça m'a plu. Et j'ai entraîné Patrice". En 2008, ils décident de créer leur propre association, baptisée "Viens, je t'emmène". L'association, qui a passé un contrat de six ans avec le service de la Ville de Paris chargé d'aider au transport des personnes à mobilité réduite, perçoit une subvention de fonctionnement et compte aujourd'hui plus de 70 bénévoles. "Depuis qu'on fait ça, on connaît les plus beaux endroits de Paris. Tous les ans, pour le 14 juillet, on monte voir le feu d'artifice avec les VIP à la Tour Eiffel", raconte Patrice. Didier poursuit: "Ce qui est génial ce jour là, c'est de traverser Paris escortés par les motards, avec tous les gens qui nous regardent. Et je me dis que là-dedans, y'a tous ceux qui nous refusaient la pièce".
Depuis qu'ils ont l'un et l'autre une adresse postale et internet, des membres de leur famille ont retrouvé leur trace. "Avant, ils ne pouvaient pas, on était effacé". Chez lui, Didier a des chats et des livres, Patrice des bonsaïs. Je ne sais plus lequel des deux a dit: "Quand on commence à s'en sortir, il faut jamais s'arrêter. Parce que si on s'arrête, on recule. Maintenant, oui, je crois qu'on peut commencer à se reposer".
DESTIN – « Un avons trouvé notre fils dans le métro »
C'est une histoire à la première personne racontée dans les pages "Opinion" du New York Times, et repérée par Rue89. Une histoire tellement extraordinaire qu'on ne la croirait pas si on la voyait adaptée sur nos écrans. Une histoire qui commence avec un banal trajet en métro, et un coup de téléphone. "J'ai trouvé un bébé". Celui qui vient de décrocher s'appelle Peter Mercurio, un scénariste américain qui vit à New York, et narrateur du texte. Au bout du fil, son partenaire, Danny, à bout de souffle et le cœur battant. "J'ai appelé les urgences mais ils ne veulent pas croire que j'ai trouvé un bébé. Viens vite et trouve des policiers en chemin".
Dans les bras de Danny, emmitouflé dans un large pull noir, un nouveau né d'à peine un jour. Il sera surnommé "bébé ACE" par les services sociaux qui l'emmènent, du nom des lignes de métro qui s'arrêtent à l'endroit où il a été trouvé, derrière les tourniquets d'entrée. "Ce qu'on ignorait tous les deux à l'époque, c'est que Danny ne venait pas de sauver un orphelin, il venait surtout de trouver notre fils", explique Peter Mercurio.
Danny enchaîne alors les interview pour les médias locaux, et est convoqué trois mois plus tard devant le tribunal pour expliquer comment il a trouvé le bébé. "Soudain, la juge a demandé : 'souhaiteriez-vous adopter ce bébé ?' La question a laissé pantoise toute l'assistance dans le tribunal, mais Danny a simplement répondu 'oui'.", relate encore Peter Mercurio. Finalement convaincu à son tour de vouloir adopter le bébé, ce dernier raconte comment toutes les conditions ont été réunies pour faire d'eux, un couple homosexuel qui n'avait jusque là jamais pensé à adopter, les parents de ce bébé ACE, prénommé aujourd'hui Kevin.
Pendant un an, les deux hommes ont été la famille d'accueil du bambin, recevant régulièrement la visite des services sociaux. "A cette époque, nous nous demandions souvent ce qui était passé par la tête de cette juge. Savait-elle que Danny était un éducateur et qu'il ferait un bon père ? Aurait-elle accepté qu'il adopte Kevin si elle avait su qu'il était homosexuel et en couple ?" La réponse est venue à la dernière audience, lorsque l'adoption a été finalisée. A la question de savoir pourquoi elle avait proposé l'adoption, la juge a simplement répondu "avoir eu un un pressentiment".
Dix ans plus tard, alors que l'Etat de New York rendait légal le mariage homosexuel, les deux hommes se sont unis devant la loi. A la demande de leur fils, au courant de toute l'histoire, ils ont demandé à la même juge de les unir. "Kevin était nerveux. Quand il était plus jeune, nous lui avions expliqué l'histoire qui avait conduit à faire de nous une famille, et nous lui avions parlé de cette juge. Mais le personnage de la fiction allait devenir une personne bien réelle, que se passerait-il si elle trouvait qu'il avait mal grandi ?"
La rencontre s'est finalement faite dans la plus grande simplicité. "Elle lui a demandé si elle pouvait le prendre dans ses bras, et lui a posé des questions sur l'école, ses passions, ses amis, et lui a dit tout le bonheur qu'elle avait à le rencontrer", avant de marier les deux hommes. "Tout cela grâce à une découverte improbable et un pressentiment éclairé", conclut l'auteur, qui a tiré de cette histoire personnelle un scénario.
mardi 18 décembre 2012
C’est la fin de l’année… Les familles se regroupent,
Pour Noël, pour les enfants et toute leur joie bruyante,
Pour rire tous ensemble et donner des cadeaux…
Et les vieux qui sont là pensent qu’ils sont ceux qui restent…
D’abord, Éric, mon frère, est parti au printemps,
Après en juin, Jean-Paul, notre cousin d’Hendaye…
Il y a quelques jours, Claude me faisait part
Du décès de François… Ce matin dans un mèl,
Sylvia nous racontait que sa fille attendait
La mort de son mari, d’ici quelques semaines…
Les fêtes de fin d’année se préparent dans la joie
Partout, et même ici, bientôt, autour de moi…
Gaieté, tristesse… Quel sentiment va l’emporter
Pour remplir nos journées et en combler les trous
De pensées de gaité ou tristesses entêtantes…
Eh bien c’est la tristesse, une tristesse à pleurer…
Pas tant pour notre vie qui reste ce qu’elle est,
Pas à cause du départ de ces personnes proches
À qui on pense souvent en disant, c’est la vie,
C’est comme ça… Et qu’il faut simplement l’accepter…
Non, c’est bien autre chose, aux autres bouts du monde,
En Chine, vingt enfants blessés, beaucoup mourront…
Par le vouloir d’un homme… Et de l’autre côté,
Qui nous semble plus proche, l’assassinat d’enfants,
Vingt aussi… et leurs guides… Leurs noms sont égrenés,
Comme une litanie, envoûtante, indicible,
Qu’on écoute en silence… Un silence à pleurer…
Charlotte 7 ans, Daniel 8 ans, Rachel 30 ans,
Olivia 7 ans, Anam et Dylan aussi,
Joséphine 7 ans, Dawn 48, Gesse sept,
Aussi Madeleine et Catherine, Chase huit ans,
James sept ans, Grace huit ans, Anne-Marie 53
Émilie sept, Noah sept, Caroline sept ans,
Jessica sept, Avielle sept, Lauren 31,
Marie 56 ans, Victoria 28,
Benjamin six et Alison sept ans…
©PhD
Journal de Boningal